Bilans spéciaux
Ce profil explore les processus immunitaires dans leur ensemble, en dehors de pathologies graves reconnues et de transplantation d’organe. Il est utile à titre préventif et pour évaluer l’immunité. La participation et le rôle des différents marqueurs est présentée dans les bilans suivants.
CD3, CD4, CD8, B, NK, CD57
Sans être aussi complet que le Profil lymphocytaire, ce profil permet d’établir un bilan du statut immunitaire du patient. Ce profil révèle l’état de la défense immunitaire pendant et après un épisode infectieux.
Th17, Th22, CD25
Ce profil évalue les lymphocytes « helpers » qui ont une fonction immunitaire protectrice et qui contribuent à la mise en place d’une réponse immunitaire lors d’infections bactériennes et fongiques. Les lymphocytes régulateurs CD25+ sont l’expression d’une tolérance immunitaire : ils suppriment la synthèse d’IgE spécifiques.
Th1, Th2
La participation seule des lymphocytes helper Th1 et Th2 permet d’expliquer la plupart des réponses immunitaires mises en place dans les maladies infectieuses et inflammatoires. Les maladies auto-immunes sont associées à une réponse de type Th1 excessive et non contrôlée par le système immunitaire. Les Th2 sont impliqués dans les réactions d’hypersensibilités immédiates avec production d’IgE spécifiques d’antigènes et réponses allergiques. La réponse immune protectrice est de type Th1 lors d’une infection provoquée par des agents pathogènes intracellulaires et de type Th2 quand il s’agit d’organismes extracellulaires (action antiparasitaire).
Introduction générale
Dans l’organisme deux systèmes immunitaire se chevauchent :
Immunité naturelle (innée) : rapide, non spécifique, dirigée contre ce qui est étranger à l’organisme. Ce sont: barrières de défense naturelle (peau, muqueuses), diverses substances sécrétées (protéines cytokines).
Monocytes, granulocytes, cellules NK.
Immunité acquise : lente, mais spécifique d’un composant, fait la distinction soi / non soi. Elle est adaptative : se renforce après un nouveau contact (= réponse anamnestique). Les cellules impliquées sont les lymphocytes B [= immunité humorale (Ig)], les lymphocytes T [= immunité cellulaire (cytokines; action directe).
Lymphocytes B : responsables de l’immunité acquise et fabriquent les immunoglobulines anticorps Ac. Leur Ac se lie directement à un antigène pour lequel ils sont spécifiques.
Lymphocytes T : Les lymphocytes T jouent un rôle dans la réponse immunitaire secondaire. « T » est l’abréviation de thymus, où leur développement s’achève.
Responsables de l’immunité cellulaire : les cellules infectées par un virus, ou les cellules cancéreuses reconnues comme étrangères (c’est-à-dire distinctes des cellules que les lymphocytes T ont appris à tolérer lors de leur maturation) sont détruites. Ils sont utilisés chez les patients avec le SIDA, avec les CD3, CD4 et CD8 qui font référence aux antigènes caractéristiques à la surface des différents sous-types de lymphocytes T.
Lymphocytes NK : Les lymphocytes NK (Natural Killer, cellules tueuses naturelles) sont des cellules de l’immunité innée. Ce sont des grands lymphocytes granuleux, non T (CD3-) non B (CD19-), caractérisés chez l’humain par les marqueurs CD56, CD16 et NK.
Description détaillée des différents profils
Typisation lymphocytaire, statut immunitaire cellulaire et paramètres de contrôles
Un profil lymphocytaire (désigné également typage lymphocytaire ou encore immunophénotypage)sert à évaluer le statut immunitaire et à mettre en évidence d’éventuelles situations pathologiques ainsi qu’à contrôler les niveaux de lymphocytes T à l’issue d’une transplantation d’organe.
Une typisation lymphocytaire est recommandée lors de déficit immunitaire cellulaire et d’immunodéficience avec infections récurrentes ou chroniques. La plupart des antigènes détectés par immunophénotypage sont identifiés par un CD (Cluster de Différenciation) suivi d’un chiffre.
Profil lymphocytaire CD3, CD4, CD8, B, NK, CD57
Les lymphocytes T CD3+
Les lymphocytes T comme les autres cellules hématopoïétiques sont issus d’une cellule souche totipotente présente dans la moelle osseuse. CD3 est l’antigène commun utilisé pour identifier les lymphocytes T. Dans le sang périphérique, les lymphocytes T se caractérisent par l’expression d’un marqueur membranaire appelé CD3 et un récepteur spécifique le TCR (T cell receptor) qui est directement impliqué dans la reconnaissance antigénique.
Les lymphocytes T auxiliaires (T helper) CD4+ ont une activité non cytotoxique et agissent comme intermédiaire de la réponse immunitaire. Les lymphocytes T CD4+ jouent un rôle essentiel dans l’induction et la régulation des réponses immunitaires. Ces lymphocytes prolifèrent seulement lorsqu’ils sont liés à des antigènes pathogènes pour activer d’autres types de cellules qui agiront de façon plus directe sur la réponse, d’où leur nom de cellules auxiliaires. Seuls les cellules dendritiques, les lymphocytes B et les macrophages sont capables d’activer les lymphocytes T CD4+. Les lymphocytes T CD4+ sécrètent l’interleukine 2 (IL-2), une cytokine qui sert de médiateur chimique entre les lymphocytes B et les lymphocytes T en stimulant leur prolifération. Une fois liés à l’antigène, les lymphocytes T CD4+ naïfs prolifèrent et se différencient en cellules auxiliaires activées ou en cellules « mémoires ».
Les lymphocytes T auxiliaires CD8+ sont chargés d’éliminer les cellules infectées. Les lymphocytes T CD8+ ne reconnaissent et ne s’attaquent qu’aux cellules présentatrices d’antigènes particuliers présentés par des cellules présentatrices d’antigènes (APC) tels les cellules B, les cellules dendritiques et les macrophages.
Le ratio CD4+/CD8+ est considéré comme un marqueur de restauration immunitaire de l’activation et l’inflammation résiduelles. Il n’existe pas à ce jour de mécanisme clair expliquant l’expansion de cette population et leur rôle pathogène, bien que l’existence d’un déficit de l’immunité semble avoir un rôle majeur.
Les lymphocytes B
Les lymphocytes B se forment et parviennent à maturation dans la moelle osseuse. Après maturation, les lymphocytes B s’agglomèrent dans les ganglions lymphatiques, la rate et autres tissus lymphoïdes où ils peuvent rentrer en contact avec les antigènes pour lesquels ils sont spécifiques. Les lymphocytes B peuvent agir en tant que cellules productrices d’antigènes (APC). Ces lymphocytes sont les principales cellules de la réponse immunitaire adaptative par la production d’anticorps spécifiques d’antigènes.
Les lymphocytes Natural Killer (NK) « tueuses naturelles » font partie de la première ligne de défense de l’organisme. Les cellules NK représentent 5 à 16% des lymphocytes et appartiennent au système immunitaire inné en raison de leurs récepteurs invariants. Ces lymphocytes non T (CD3-) non B (CD19-) sont capables de lyser des cellules étrangères à l’organisme de manière indépendante de l’antigène et sans activation préalable, à l’inverse des cellules T CD8+. On distingue deux types de cellules NK répartis selon la densité de l’expression des marqueurs membranaires CD56 et CD16.
Les lymphocytes T CD8+/CD57+ correspondent à des lymphocytes T cytotoxiques activés dont le développement fait suite à une stimulation antigénique chronique. Une expansion polyclonale de lymphocytes T CD8+/CD57+ peut s’observer au cours de différentes situations pathologiques telle une infection virale chronique ou un déficit immunitaire. Cette population de lymphocytes résulte de la stimulation chronique de lymphocytes CD8+/CD28+ par des antigènes exogènes d’origine infectieuse aboutissant à la génération de lymphocytes CD8+ qui perdent progressivement leur capacité de prolifération par perte de l’expression de l’antigène CD28. En parallèle, ils expriment à leur surface l’antigène CD57. Les lymphocytes T CD8+/CD57+ représentent 1 à 15 % des lymphocytes totaux chez les sujets sains. Leur nombre et leur proportion augmentent progressivement avec l’âge. Cette population lymphocytaire s’accroît notamment lors de maladie comme l’infection par le virus VIH ou lors de réactions de rejets de greffes. Les lymphocytes T CD8+/CD57+ libèrent des substances cytolytiques et cytotoxiques capables d’inhiber l’activation polyclonale et la production d’immunoglobulines. L’analyse des cellules CD57+ permet le suivi thérapeutique pendant et après le diagnostic de la maladie de Lyme.
Profil lymphocytaire Th17, Th22, CD25
Les lymphocytes T CD4+ Th17 représentent une troisième classe de lymphocytes T helper, les deux premières étant les lymphocytes T CD4+ Th1 et Th2.
Les trois populations lymphocytaires Th1, Th2 et Th17 de type CD4+ auxiliaires effectrices (helper) se distinguent par leur profil cytokinique et le type de récepteurs aux chimiokines exprimés à leur surface. Les lymphocytes T CD4+ Th17 ont une fonction immunitaire protectrice qui contribue à la mise en place d’une réponse immunitaire lors d’infections bactériennes et fongiques. L’activation de la voie de la population Th17 semble corrélée à la manifestation de maladies inflammatoires et auto-immunes tels le psoriasis, la polyarthrite rhumatoïde, certaines formes d’asthme, la sclérose en plaque et les maladies chroniques de l’intestin. La caractéristique des lymphocytes Th17 est la production d’IL-22. IL-22 agit sur les cellules non hématopoïétiques comme les cellules épithéliales de l’appareil digestif ou pulmonaire. Au niveau de l’épiderme, IL-22 agit sur les kératinocytes de l’épiderme et participe à l’homéostasie de l’épithélium.
Les lymphocytes T auxiliaires Th22 se distinguent des lymphocytes T régulateurs qui expriment le marqueur de surface CD25. Cette différenciation des lymphocytes T CD4+ est le reflet de la défense immunitaire adaptative. L’équilibre entre ces différentes sous-populations lymphocytaires est essentiel à l’homéostasie immunitaire et la défense de l’hôte. Sa rupture contribue fortement à la survenue de maladies auto-immunes inflammatoires, d’infections chroniques, d’allergie et d’asthme. L’évolution des populations lymphocytaires T CD 4+ Th17 et Th22 sont des marqueurs de l’inflammation chronique. L’incidence des maladies chroniques inflammatoires et des réactions immunitaires inappropriées est considérablement plus élevée chez des personnes ayant une altération du microbiote (dysbiose) due aux régimes alimentaires et à la sédentarité par rapport à celles pourvues d’un microbiote sain. Les dysbioses constituent un terrain favorable aux infections dues à des bactéries pathogènes et à l’installation de leur chronicité.
Les lymphocytes T régulateurs CD4+ CD25+ spécifiques d’antigènes sont l’expression d’une tolérance immunitaire. Les lymphocytes T CD4+ CD25+ suppriment la synthèse d’IgE spécifiques.
Profil lymphocytaire Th1, Th2
On distingue les populations lymphocytaires de type T CD4+ en fonction de leurs capacités fonctionnelles à produire différents profils de cytokines.
La participation seule des lymphocytes helperT CD4+ Th1 et T CD4+ Th2 permet d’expliquer la plupart des réponses immunitaires mises en place dans les maladies infectieuses et inflammatoires. Les maladies auto-immunes sont associées à une réponse de type Th1 excessive et non contrôlée par le système immunitaire.
Les lymphocytes T CD4+ Th1 sont principalement producteurs d’IL-2, TNF et IFNget, sont impliqués dans les réponses immunitaires cellulaires (réactions d’hypersensibilité retardée, activation des macrophages et activité cytotoxique). Les lymphocytes T CD4+ Th2 sécrètent les cytokines IL-4, IL-5, IL-6 et IL-13. Ils sont impliqués dans les réactions d’hypersensibilités immédiates avec production d’IgE spécifiques d’antigènes et réponses allergiques. IL-4 et IL-13 induisent l’expansion clonale des cellules B ainsi que la production d’IgE. IL-5 recrute les éosinophiles et les active.
La réponse immune protectrice est de type Th1 lors d’une infection provoquée par des agents pathogènes intracellulaires et de type Th2 quand il s’agit d’organismes extracellulaires (action anti-parasitaire). La différence de production de cytokines entre cellules Th1 et Th2 sous-tend le concept de déviation immune.